La définition politique et historique de Jacques Sapir de la laicité

Publié le 19 Août 2016

Selon l'économiste Jacques Sapir la laïcité ne serait pas tant une affaire de droit qu'un principe politique. En faisant référence à l'histoire de France dans sa période la plus noire et la plus sanglante au XVIe siècle avec les guerres de religion dont le massacre de la Saint Barthélemy est la plus emblématique. Il explique bien que la laïcité se fonde avant tout, sur la nécessité de dégager l'espace public de thèmes sur lesquels aucune discussion raisonnable c'est-à-dire fondée sur la raison ne peut avoir lieu. Enlever en somme l'appréciation subjective propre à chaque individu. Pensez que la laïcité se serait la tolérance ou la liberté de culte est une erreur. La tolérance est une qualité que l'on s'applique selon son bon vouloir, sa propre définition et à géométrie variable, alors que la laïcité organise la société. Elle peut restreindre, contraindre et interdire comme accorder des libertés. C'est donc avant tout sur la souveraineté du peuple que repose son socle.

La laïcité c'est la distinction entre ce qui relève de la sphère publique et privée.

La loi de 1905 dont on parle beaucoup ne serait pas l'alpha et l'oméga de la laïcité mais seulement un de ses pendants. La laïcité est un principe politique qui peut revêtir différentes formes et expressions juridiques.

Il fustige à ce propos Jean-François Bayart qu'il qualifie d'irresponsable et d'ignorant de parler d'un «salafisme laïque» du rapport entre principe politique et lois. La laïcité est selon lui, un principe d'organisation de l'espace politique, implique des interdictions comme corollaire à l'organisation d'espaces de liberté.

Ce n'est pas parce que l'idéologie capitalistique qui a crée des individus très individualistes qu'il faut réduire la laïcité à la tolérance. C'est ce que semblent faire beaucoup d'intellectuels, notamment des anciens soixant-huitards avec le fameux slogan il est interdit d'interdire. Si le mouvement mai 68 a apporté un grand mouvement de libération des mœurs, cela a aussi flingué de principes fondamentaux qui ont déstructuré notre société. Voilà aussi pourquoi on en est là aujourd'hui dans l'urgence à reparler de questions cruciales dans un climat non apaisé avec des polémique sur le burquini, des récupérations politiques en vue des élections, des stigmatisations des conflits.

Voilà ce qui arrive de traiter comme on le fait trop souvent en France des questions en urgence. Idem, de nombreux grands principes constitutionnels ou républicains sont bafoués par ceux qui sont sensés en être le garant. Comment être crédible ensuite de demander à ceux qui testent la république et veulent d'une certaine façon imposer un nouvel ordre public en fonction de leur coutume ou religion, quand ils voient sous leurs yeux, ces mêmes politiques ne pas respecter et s'assoir sans vergogne sur certains de ces principes analogues démocratie, laïcité, république.

Exemple l'ancien président de la république après le référendum sur le traité de Lisbonne qui a vu le non l'emporter a non seulement foulé à son pied la parole du peuple en faisant passer ce traité en force en congrès (réunion de l'assemblée nationale et du sénat) et qu'en plus il change l'article 88-1 et 88-2 de la constitution le principe de haute trahison du chef de l'état. (je vous invite à lire l'article pour vous faire une idée, et également à regarder la vidéo de François Asselineau de l'UPR qui explique ça bien mieux!).

Plus récemment notre gouvernement est passé en force avec le 49.3 pour imposer une loi travail profondément rétrograde.

Rédigé par Actarus

Publié dans #Laicité

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